Coeur Chrysanthème
Dans un coin de ma mémoire
Rangé au propre avec mes idéaux libertaires
Je me rappele cette soirée d'hiver
Froide comme un bégonia
Morte comme un cheval pâle
La joie s'accrochait aux vitres et aux balcons
Un évènement quelconque, sombre fruit du hasard
La fête sans vergogne avec ses flancs lubriques
Et ses kilomètres de lumières naîves
Innocentes, tout simplement là
Des chevaux de bois, des camions de plastique
Tournaient sur eux-même, se poursuivaient
L'odeur écoeurante du sucre fondu
Les cris tentateurs, les cris du plaisir de l'effroi
Les murmures de l'évasion éphémère
Je l'ai vue dans cette foule
Grouillante, lourde, heureuse
Elle semblait tellement en faire partie
Tellement être heureuse
Tellement avoir l'habitude d'en profiter
Que j'ai compris
Que nous n'étions pas faits pour vivre ensemble
Alors je suis retourné sur mes pas
Pâle cheval mort
Mon coeur chrysanthème sous le bras.