Antibal VI

Publié le par Damo


J'ai fourré dans un sac de marin tout ce qui me passait sous la main et qui ressemblait
à quelque chose m'appartenant.
J'étais dans la fébrilité, je ne comprenais qu'à moitié ce que j'étais en train de faire,
et ça n'était même pas d'une évidence folle pour la partie de mon cerveau
qui le comprenait.

J'ai sauté dans les hautes herbes couleur lavande humide, en faisant signe de loin
au dépanneur de s'occuper de la voiture et que je reviendrais plus tard la chercher.
Je suivais la piste assez évidente, marchant à grandes enjambées, un peu comme
un échassier, avec la peur reptilienne de me faire attaquer les jambes par je ne sais quoi
de tapi dans cette prairie inconnue.

J'ai dû marcher une heure de cette façon en suivant les herbes foulées,
puis je me suis arrêté sur un promontoir qui dominait une vallée beaucoup plus désertique.
Je me suis écroulé sur un rocher plat, qui commençait à se réchauffer aux rayons du soleil,
et j'ai contemplé en haletant un kangourou de Gila qui traversait le désert, en contrebas.

J'étais épuisé et je m'en rendais seulement compte. Je m'octroyais plusieurs grandes
rasades d'eau, en me demandant ce que je pouvais bien foutre dans cette galère,
quand soudain je vis du coin de l'oeil le kangourou s'effondrer.

Sa chute ne m'avait pas du tout pari naturelle, et comme on pouvait voir
une tache sombre s'élargir autour de sa tête, même de là où j'étais, je me méfiais.
Je ne connaissais pas du tout cette région, je n'étais jamais venu avant, mais je savais
que ce n'était pas la région la plus hospitalière du pays.
On entendait parler d'histoires rocambolesques de tribus cachées, de sociétés secrètes,
de plantes mutantes, de sacrifices humains, de labyrinthes souterrains ...
Je n'avais pas peur mais je préfèrais rester prudent.

Soudain, sortant de l'ombre portée par le promontoire où je me trouvais quelques dizaines
de mètres plus haut, je vis quatre cavaliers se diriger la dépouille de la bête.
Manteaux poussiéreux en cuir fatigué, chapeaux à large bord, carabines au côté, pas
de doute, c'était des types du coin, rompus au climat et au terrain.
Ils s'arrêtèrent auprès du kangourou et commencèrent à le dépecer en riant.
Il me vint à l'esprit qu'ils avaient peut être vu quelque chose concernant l'enlèvement
d'Irene et les traces que je poursuivais.
Et puis je me fis la réflexion qu'ils pouvaient aussi bien en être partie prenante,
et que leur allure et leur mise les rangeant plus facilement du côté forban que berger,
il valait mieux que je ne les aborde pas de front de façon aussi stupide.

Je me reculais du promontoire afin de ne plus être visible, et je recherchais ma piste pour filer.
Je ne le trouvais pas.
Les herbes s'arrêtaient là, et la piste avec. Là où j'étais, il y avait beaucoup trop de roche
pour qu'il y ait un quelconque chemin à suivre. J'étais fait. Et puis je me dis que mon
appréhension paranoïaque n'était pas forcément mauvaise concernant ces cavaliers.
Je n'avais qu'à les suivre discrètement pour savoir qui ils étaient et où ils allaient,
et je pouvais décider n'importe quand de les abandonner s'ils étaient trop louches, ou
de me faire connaître à eux s'ils me semblaient fiables.

C'était pas terrible, mais je n'avais pas de meilleure idée, en l'absence de piste,
et s'ils étaient bien des types du coin, ils auraient forcément ne serait-ce qu'une idée
qui aurait pu m'être utile pour retrouver la fille.

Je commençais à descendre le promontoire rocheux comme je pouvais, sans pour
autant me casser la gueule, tandis que le deuxième soleil se levait, rajoutant
à la moiteur du jour.

Publié dans Antibal

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H
c'est ma foi vrai, j'étais sans doute trop fatigué pour chercher suffisament longtemps. Felix qui potuit rerum causas cognoscore
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D
mon ptit gars, c'est pour ça que j'ai créée une catégorie Antibal, qui, si elle ne permet pas exactement ce dont tu parles, change quand même ta vie en arc en ciel de bonheur.
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H
tiens je me dis, vu qu'il commence déjà à y avoir pas mal d'épisodes, que j'ai trop une mémoire d'ablette pour me souvenir des plus vieux, ça serait bien, au lieu d'avoir à chercher les anciens, d'avoir toute l'histoire d'un seul coup sur une page, comme ça paf. Enfin c'est juste une idée comme ça.
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