Robe blanche, robe noire
Ce soir, j'écris dans la peur.
Une folle furieuse, au regard hagard, m'a posé le plus puissant soufflant qu'il y aie au monde
sur la tempe en m'ordonnant de faire une note.
Elle a bien usé de termes doucereux, mais j'ai bien senti qu'il y avait urgence.
Une sorte de frénésie inhabituelle s'est emparée d'elle ce soir. Je ne sais ce qui lui prend,
et j'ai peur. Elle tournicote, elle virevolte, je ne l'ai jamais vue aussi excitée.
Elle sort des mots incompréhensibles, de longues tirades du genre :
Mon cheval arrêté sous l'arbre plein de tourterelles, je siffle un sifflement si pur, qu'il n'est promesses à leurs rives que tiennent tous ces fleuves. Feuilles vivantes au matin sont à l'image de la gloire...
Et ce n'est point qu'un homme ne soit triste, mais se levant avant le jour et se tenant avec prudence dans le commerce d'un vieil arbre,
appuyé du menton à la dernière étoile,
il voit au fond du ciel de grandes choses pures qui tournent au plaisir.
Et paix à ceux qui vont mourir, qui n'ont point vu ce jour.
Mais de mon frère le poète, on a eu des nouvelles. Il a écrit encore une chose très douce. Et quelques-uns en eurent connaissance.
Je t'avoue j'ai rien compris. Moi si on respecte pas la métrique ...
Enfin bon, je t'avoue que j'ai peur. Je ne sais pas qui peut m'aider, dès que j'esquisse un mouvement
nonchalant vers le téléphone elle me saute dessus avec un cri perçant, elle me fait une clé de cou,
et elle me lèche la nuque. Je pense qu'elle espère l'amollir pour quand elle aura l'heur de la manger.
Ce n'est plus la femme que j'ai connu, que j'ai épousé, qui m'a donné tous ces beaux enfants...
Peut être qu'il y a une explication rationnelle.
C'est la lune qui entre en phase putrescente.
Ou alors les algonquins ont envahi la Géorgie. (nan,l'autre)
Peut être même que la grève est finie ?
Tiens, là elle s'amuse à broyer du papier dans un mixer. Je suis sûr qu'elle le fait exprès pour
tester mes nerfs. Elle est diabolique je...
Je suis impuissant, j'avoue, je suis trop faible.
Je crois que je vais devoir rester avec elle, ne m'en veuillez pas.